Togbota au Bénin

La république du Bénin

(ex Dahomey), à l’ouest du Nigéria a accédé à l’indépendance complète en 1960. Présidée par Thomas Boni Yayi depuis 2006, le Bénin possède une image très forte de pays démocratique dans toute l’Afrique subsaharienne. Les 9,9 millions d’habitants en 2013 sont avant tout concentrés dans les plaines côtières méridionales. Les ethnies dominantes respectent l’ancrage historique jouant du contraste: “Afrique des greniers” au Nord , grenier de maïs ou de mil. et “l’Afrique des paniers” aux abords de l’équateur qui avec son climat laisse à penser que “rien ne sert d’entreposer, il suffit de porter”. Parmi 40 ethnies différentes, celle des Fons est dominante. On notera aussi, celles des Adjas, Yorubas, Sombas et Baribas. Le climat est tropical, chaud et humide avec deux saisons des pluies, avril à juillet pour la grande et septembre à novembre pour la petite. La langue “officielle” est le français, mais…..on entend aussi le fong-be, yoruba, et gou-gbe et…. le français d’Afrique, seul que je veux bien expérimenté! Malgré les statistiques favorables à la représentation de la religion catholique, es religions animistes prédominent au Bénin, et la pratique du vaudou est très présente.

L’agglomération de Togbota

Située à 60 km de Cotonou, capitale économique (Porto Novo: capitale politique), Togbota ne bénéficie d’aucune route d’accès et subit régulièrement les grandes crues des rivières So et Togbo. C’est en pirogue qu’il faut aller et le trajet sera donc d’une demi journée.!Avec les moyens locaux, les habitants mettent deux jours.

Le caractère isolé de ce village et les conséquences dans son niveau de développement sont une motivation essentielle du positionnement d’UA, là-bas.

Située dans le département de l’Ouémé l”agglomération” dépend de la commune d’Adjohoun. Elle est parcourue par la rivière Sô, qui la divise en deux grandes localités : Togbota Agué et Togbota Oudjra. De fait, l’agglomération ne dispose d’aucune route d’accès, les véhicules à moteur ou les animaux de trait sont inexistants. Les seuls moyens de déplacement sont la pirogue ou la marche à pied. Malgré la faible distance de Cotonou, il faut compter une demi-journée de voyage avec un bon véhicule pour se rendre à Togbota. Avec les moyens locaux, un habitant pourrait mettre jusqu’à 2 jours. Cette situation géographique spécifique, où l’agglomération est enclavée entre deux rivières, aggrave l’isolement des habitants en rendant difficile l’accès et surtout en rendant peu visible la situation.

Un environnement économique quasi inexistant A l’arrivée d’Urgence Afrique à Togbota en 2006, il y avait très peu de structures économiques : pas de commerces, pas de marchés, pas de routes. L’économie reposait essentiellement sur le troc et la vente de produits de base non transformés. L’agglomération disposait également de très peu d’activités agricoles ou artisanales lui permettant de générer des revenus suffisants pour l’ensemble de la communauté. En effet, par tradition les habitants vivaient essentiellement de la pêche. Face à la raréfaction des prises, ils se sont tournés progressivement vers le commerce du bois et l’agriculture mais de façon rudimentaire et inorganisée. Toutefois, Togbota dispose de terres cultivables, riches, renouvelées chaque année par le dépôt de limons et la proximité des grandes zones de consommation (Cotonou, Porto Novo, Lagos …) renforce le potentiel commercial de Togbota. Depuis, Urgence Afrique a aidé à la création de groupements de femmes et de jeunes et développé notamment la culture de contre-saison. Si cette activité fonctionne bien, le projet de mise en place d’une ferme solidaire permet de franchir une nouvelle étape dans le développement économique de la commune.

Une forte pression démographique La population de l’agglomération est estimée à 2 792 habitants selon le Recensement National de Population de 2002. Elle est aujourd’hui plus proche des 5 000 habitants. La démographie est galopante, les tensions qui en résultent sont de plus en plus fortes et se traduisent par un appauvrissement général de la population et des anémies plus fréquentes. Il n’y a pas non plus de politique maternelle et infantile (de type planning familial). Les femmes ne disposent d’aucun moyen contraceptif, qui serait de toute façon refusé par les hommes, sans actions d’éducation pour la santé aussi bien en direction des femmes que des homm es. Les femmes ont en moyenne 8 enfants.

Une situation sanitaire inquiétante La situation sanitaire de Togbota est inquiétante mais les tendances sont encore inversables : d’après les données fournies par les dispensaires, près de 90% de la population totale était affectée d’une maladie endémique (Paludisme, Ulcère du Buruli, Bilharziose, etc.) avant l’arrivée de l’association. L’équipement médical était faible. La structure hospitalière la plus proche se trouvait à plus d’une journée d’accès. Sur place, les moyens techniques et humains sont très limités. Ce sont généralement des guérisseurs qui « soignent » les villageois qui ne font appel au dispensaire qu’en dernier recours et très (trop) tard le plus souvent.

La dégradation de l’environnement, une menace pour Togbota Une forte pression pèse sur l’environnement de Togbota ; une partie de la population a développé l’exploitation et le commerce du bois, plusieurs conséquences résultent de cette activité : - les berges de Togbota sont fragilisées ; - la désertification de la région est accentuée ; - les dégâts causés par les deux montées des eaux annuelles sont amplifiés, la végétation ne retenant plus la crue des fleuves So et Togbo. ; - la menace d’extinction du singe Zinkaka est accentuée, son habitat étant directement affecté.

Expérience à Togbota Togbota est la première zone d’intervention d’Urgence Afrique, où ont été initiés les premiers programmes de développement en 2006. L’association intervient dans plusieurs domaines, l’objectif principal restant un développement économique local dans le respect de l’environnement. Cet objectif, pour être atteint, doit être accompagné de structures éducatives et sanitaires viables. Urgence Afrique a donc initié 5 programmes dans l’agglomération de Togbota :

Eau : A son arrivée en 2006, l’association a démarré un projet d’adduction d’eau sur la commune de Togbota. Après deux forages, un château d’eau et des pompes ont été construits. L’autorisation pour relier le château d’eau aux pompes a été délivrée par l’admini stration béninoise en 2011. Les travaux, ont pris fin en mai 2012. L’autorisation d’utilisation des bornes fontaine a été délivrée en mai 2013. L’arrivée de l’eau courante à Togbota permettra une avancée conséquente dans plusieurs domaines, au niveau de la santé mais également au niveau de l’environnement (facilitation de l’arrosage de pépinières pour le reboisement) et du développement économique (évolution des techniques d’irrigation).

Santé : UA a pris la gestion du dispensaire de Togbota, laissé à l’abandon, en 2008. Ce dispensaire est depuis reconnu par l’Etat, bien qu’il ne reçoive aucune aide financière publique locale. L’association a renforcé le personnel de santé, consolidé sa formation et assure la rotation du stock de médicaments.

Environnement : UA s’attache à protéger et à valoriser le patrimoine naturel et atypique de la région ainsi que l’habitat du singe Zinkaka (espèce endémique du Sud Bénin en voie de disparition), en sensibilisant les villageois afin qu’ils se sentent responsables et actifs dans la survie de l’espèce. UA participe également activement au reboisement avec près de 1000 plants par mois.

Développement économique : Depuis 2007, 10 groupements agricoles de femmes réunissant 250 femmes ont été créés. En 2011, l’association a élargi ce programme en y intégrant les jeunes. UA les a accompagnés dans les démarches administratives et les forme au maraichage, à la culture de contre saison et à la gestion. Ce programme permet de réduire le risque de famine et d’augmenter les revenus des jeunes et des femmes. Ces groupements sont encadrés par un technicien agronome présent toute la semaine sur le terrain pour suivre le programme et assurer les formations. En 2013, nous avons débuté la création d’une ferme solidaire sur un espace de 4 hectares. La culture du mais, ananas, piment, gombo y sont développées. A plus long terme nous envisageons d’y intégrer un espace petit élevage.

Le développement de cette ferme solidaire est le point d’ancrage de ma mission.

Education : Pour encourager la scolarisation des enfants, une distribution massive de fournitures est organisée en début d’année dans chacune des deux écoles. Urgence Afrique aide également les collégiens à financer leurs frai s de scolarisation. De plus, des volontaires proposent tout au long de l’année du soutien scolaire aux élèves afin de les aider à acquérir les bases de lecture et d’écriture qu’ils ne maitrisent pas du tout. La Case des Enfants, inaugurée début 2010, prépa re les enfants qui ne sont pas en âge d’être scolarisés à leur entrer à l’école en leur proposant des jeux d’éveil.

Urgence Afrique est donc bien implanté dans la commune de Togbota, et dispose de bases solides pour initier un nouveau projet.

Quelques Chiffres

Population : 5000 habitants environ Part des enfants de moins de 20 ans : 57% Taux d’alphabétisation : 33% Mortalité infantile hors normes : Selon les services de santé du département, près de 15 % des enfants n’atteignent pas l’âge de 5 ans !chiffre sans doute sous estimé!

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