Compléments apportés à la compréhension du phénomène Togbota

Organisation administrative: Pouvoir? Politique? Gouvernance? Démocratie ?

L’organisation territoriale est un amalgame constitué d’une couche ancestrale traditionnelle mêlé d’un pouvoir étatique déconcentré sur un territoire démesuré. Nous sommes au delà de la journée à cheval de notre découpage départemental.

Aussi Togbota Agué, comme Togbota Oudjra dépendent de la commune d’Adjohoun qui regroupe 8 arrondissements et 57 villages ( environ 62 000 hab). La densité est de 183 hab/km². Togbota et ses deux villages (Agué et Oudjra) est l’arrondissement le plus petit de la commune. Je vais rencontrer prochainement le chef d’arrondissement qui paraît il parle bien français. Togbota Agué est un village il a un chef de village suggéré par le chef d’arrondissement et accepté par les habitants. C’est sur ce village qu’ est la ferme et sur lequel je réside , il a 6 hameaux, j’habite à Zébé. Chaque hameau a un conseiller désigné par le chef de village. Le chef de village est un ancien, le conseiller peut être jeune… Togbota Oudjra est l’autre village il a 7 hameaux.

L’ethnie traditionnelle de Togbota est celle des Wémés. la langue pratiquée est le Fon.

Quelques statistiques collectées sur Togbota

Environ 5000 hab . 57% a moins de 20 ans. Les femmes ont en moyenne 8 enfants, la polygamie laisse aux hommes le soin d’en faire entre 15 et 25!! Une mortalité infantile qui bat des records: 15% des enfants n’atteignent pas l’âge de 5 ans.

Togbota a 2 écoles, une dans chaque village. On peut évaluer 1 maître pour 70 enfants par classe.Peu de professeurs acceptent des postes dans ce “trou”

Photo école primaire de Togbota Agué

Mes premières appréciations soulignent un réel sous développement avec des signes évidents de malnutrition des enfants. Un analphabétisme évident. Les femmes ne parlent pas du tout français, les jeunes n’ont plus !!! Bon nombre me disent avoir lâchés l’école. Le niveau de français de certains en classe de terminale me laisse pantois!

L’équipement sanitaire du village est réduit à quasi 0. Aucune latrine publique, les latrines privées sont exceptionnelles. Le phénomène bi annuel de crue encourage le réflexe bien habituel de déféquer “là bas”. l’école primaire en grève n’ouvrira de toutes façons pas avant la décrue, les latrines sont sous l’eau !!!

Le dispensaire repris par UA (2 salariés) 1 infirmier et un assistant est abrité dans une location de bâtiment des plus spartiate. Les femmes accouchent chez elles, le milieu masculin même médicalisé n’étant pas compatible avec des pratiques de milieu rural. La population est souriante mais désoeuvrée. Le niveau de résignation et de passivité semble être récurent et collégial. Je me laisse quelque temps pour apprécier la réaction des femmes et des jeunes face aux actions entreprises par UA.

Je note tout de même un manque réel d’activités et des jeunes de 12 15 ans qui passent des journées entières à bêtifier. Où est leur part de rêve??? Les tél portables sont partout, sauf pour les femmes !! eles n’y ont pas droit car “sinon, elles vont crier partout et faire des choses !!!!” (qu’on ne maîtrise pas)

Un vrai signe d’encouragement: les enfants qui fréquentent la case des tout petits, mise en place par UA avec un bâtiment et un salarié permanent, complété de bénévoles régulièrement, sont très facilement identifiables par leur niveau de français et quelques comportements structurés, ils adorent y aller, surtout les petites filles.

Photo de la case des tout petits